Attaoui surclasse le champion olympique en demi-finale du 800m, Pérez sacrée au triple saut

La piste humide du Stade National de Tokyo a été le théâtre de performances mémorables ce 18 septembre, lors des Championnats du monde d’athlétisme 2025. L’Espagnol Mohamed Attaoui a livré une prestation magistrale pour se qualifier en finale du 800 mètres, tandis que la Cubaine Leyanis Pérez a décroché son premier titre mondial en plein air au triple saut, marquant le retour sur le podium de la légende Yulimar Rojas.

Le récital d’Attaoui face au champion olympique

On savait Mohamed Attaoui en grande forme, mais sa démonstration en demi-finale du 800 mètres a dépassé toutes les attentes. L’athlète espagnol a non seulement gagné sa course, mais il l’a fait avec une autorité déconcertante face à un plateau relevé, qui incluait notamment le champion olympique en titre, Emmanuel Wanyonyi.

Fidèle à sa tactique, Attaoui est resté en queue de peloton durant le premier tour. Ce n’est qu’à l’approche des 200 derniers mètres qu’il a produit son effort, remontant tous ses adversaires avec une facilité déconcertante pour franchir la ligne d’arrivée en première position. Son aisance était telle qu’il a abordé la dernière ligne droite avec une avance confortable, laissant Wanyonyi se préoccuper davantage de défendre sa deuxième place que de tenter de le rattraper.

Le protégé de Thomas Dreissigacker s’est imposé avec un chrono de 1:43.18, reléguant le Kényan à 29 centièmes. « Je me sentais incroyablement bien, mais le stress était présent, car une demi-finale mondiale n’est jamais simple », a-t-il confié aux médias de la fédération. « Nous connaissions les temps des séries précédentes, donc nous aurions pu viser une qualification au temps, mais je tenais à me qualifier à la place, comme toujours. J’ai reproduit la même course qu’au tour précédent, en partant de l’arrière. À 500 mètres, j’ai commencé à remonter, et comme les jambes répondaient parfaitement, j’ai tout donné. J’avais même une dernière accélération en réserve pour les 100 derniers mètres, mais en voyant l’écart, j’ai simplement savouré. Maintenant, place à la finale, où tout est permis. »

Cinquième aux Jeux de Paris et vice-champion d’Europe l’an passé, Attaoui s’avancera samedi (15h22) comme un prétendant sérieux au podium. En jeu, une médaille, mais aussi un pari amical avec son compatriote marcheur Paul McGrath : celui des deux qui remportera une médaille offrira à l’autre un billet d’avion en classe affaires pour le retour à Madrid.

Bilan contrasté pour les autres Espagnols

La soirée a été moins heureuse pour les autres athlètes espagnols engagés. Sur la même distance, David Barroso, malgré une excellente course et le deuxième meilleur temps de sa carrière (1:44.27), n’a pu faire mieux qu’une sixième place, insuffisante pour accéder à la finale.

Chez les femmes, l’aventure s’est arrêtée dès les séries du 800 mètres pour les trois représentantes espagnoles. Ni Marta Mitjans (2:00.67), ni Rocío Arroyo (2:01.34), ni Lorea Ibarzabal (2:00.60) ne sont parvenues à se hisser parmi les trois premières de leur course ou à être repêchées au temps pour atteindre les demi-finales.

Leyanis Pérez, nouvelle reine du triple saut

La finale du triple saut féminin a offert un spectacle de très haut niveau et une passation de pouvoir symbolique. La Cubaine Leyanis Pérez a été sacrée championne du monde, le plus grand succès de sa carrière, grâce à un saut mesuré à 14.94 mètres. Elle prend ainsi une revanche éclatante sur le sort, elle qui avait dû renoncer aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 en raison d’une blessure.

Cette finale marquait surtout le grand retour à la compétition de la recordwoman du monde, la Vénézuélienne Yulimar Rojas, après deux ans d’absence. Si Pérez s’était déjà emparée du titre mondial en salle cette saison, elle n’avait pas encore affronté sa rivale et modèle depuis leur dernier podium commun aux Mondiaux de Budapest en 2023, où Rojas avait pris l’or et Pérez le bronze.

À Tokyo, les rôles ont été inversés. Pérez a décroché l’or, tandis que Rojas, pour son retour, s’est emparée d’une belle médaille de bronze. Entre les deux athlètes latines s’est intercalée la championne olympique en titre, Thea LaFond, médaillée d’argent.

Pendant l’absence de Rojas, Pérez a su s’imposer comme la nouvelle figure de la discipline, remportant les Jeux panaméricains (2023), les Mondiaux en salle (2025) et la Diamond League (2024 et 2025). Pour la première fois, elle est parvenue à battre son idole dans un grand championnat. « Je suis très heureuse du retour de Yulimar et de partager le podium avec elle », a déclaré la nouvelle championne du monde après sa victoire, confirmant le profond respect qu’elle porte à son aînée.