Dans une démonstration de force spectaculaire, OpenAI, le créateur de ChatGPT, redessine les contours de l’industrie de l’intelligence artificielle en sécurisant des ressources informatiques sans précédent et en restructurant son alliance stratégique avec Microsoft.
Un contrat pharaonique pour alimenter l’IA
L’appétit de l’intelligence artificielle générative pour l’énergie et la puissance de calcul a désormais un prix vertigineux : 300 milliards de dollars. Selon des informations publiées par le Wall Street Journal et le New York Times, c’est la somme qu’OpenAI se serait engagé à dépenser auprès d’Oracle sur une période de cinq ans. Cet accord, qui figurerait parmi les plus importants jamais signés dans le secteur du cloud computing, vise à garantir à l’entreprise les ressources nécessaires pour poursuivre son développement fulgurant. Contactés, ni OpenAI ni Oracle n’ont souhaité commenter ces informations.
Des besoins énergétiques titanesques
Prévu pour entrer en vigueur en 2027, le contrat porterait sur la fourniture d’une capacité électrique massive de 4,5 gigawatts. Pour mettre ce chiffre en perspective, cela représente l’équivalent de la production de deux barrages Hoover ou de la consommation électrique de près de 4 millions de foyers. Cette demande illustre une tendance de fond : aux États-Unis, le nombre de data centers a presque doublé entre 2021 et 2024, et leur consommation d’électricité devrait encore doubler d’ici 2035.
Le projet « Stargate » et la course à l’infrastructure
Cet accord avec Oracle s’inscrit dans le cadre d’une initiative bien plus vaste, le projet « Stargate ». Annoncé en janvier, ce projet vise à investir 500 milliards de dollars sur quatre ans pour bâtir une infrastructure dédiée à l’IA, en partenariat avec des géants comme Microsoft, Nvidia et Softbank. Une partie de cette infrastructure est d’ailleurs déjà en construction sur un immense site à Abilene, au Texas. Cette course aux armements technologiques est alimentée par la popularité de ChatGPT, qui domine le marché des chatbots malgré la concurrence intense de Gemini (Google) et Claude (Anthropic).
Un partenariat redéfini avec Microsoft
Parallèlement à ces investissements massifs, OpenAI a également clarifié sa relation avec son principal partenaire historique, Microsoft. Les deux entreprises ont annoncé jeudi avoir trouvé un accord de principe pour réviser les termes de leur collaboration. Cette démarche est essentielle pour le PDG, Sam Altman, qui cherche à la fois à sécuriser les capitaux colossaux dont son entreprise a besoin et à éviter une répétition de la crise de gouvernance qui avait mené à son éviction temporaire il y a deux ans. Bien que Microsoft ait investi des milliards pour un accès prioritaire à la technologie d’OpenAI, des tensions étaient apparues, l’entreprise de Sam Altman ayant des besoins en capacité de calcul que même le géant de Redmond peinait à satisfaire.
La structure complexe d’OpenAI au cœur des enjeux
La relation entre les deux partenaires a toujours été conditionnée par la structure atypique d’OpenAI. Fondée en tant qu’organisation à but non lucratif, elle a par la suite créé une filiale à profit plafonné pour attirer les investisseurs. Ce modèle s’est avéré trop contraignant face à la nécessité de lever des milliards, voire des milliers de milliards de dollars. Pour rassurer les investisseurs, OpenAI s’était engagé à évoluer vers une structure d’entreprise à but lucratif plus traditionnelle.
Vers un nouveau modèle de gouvernance
Le plan de restructuration, précisé par Sam Altman, prévoit que la société commerciale soit désormais organisée comme une « société d’intérêt public » (public benefit corporation), ce qui permet à son conseil d’administration de viser des objectifs autres que le seul profit. Bret Taylor, président du conseil d’administration d’OpenAI, a affirmé que l’entité à but non lucratif originelle conserverait le contrôle de cette nouvelle entité commerciale et détiendrait une participation valorisée à plus de 100 milliards de dollars.
« OpenAI et Microsoft ont signé un protocole d’accord non contraignant pour la prochaine phase de notre partenariat », ont déclaré les deux entreprises dans un communiqué commun. « Ensemble, nous restons déterminés à fournir les meilleurs outils d’IA pour tous, en nous appuyant sur notre engagement commun en faveur de la sécurité. »