Il est rare d’observer un tel engouement pour Tesla cette année, dont l’action a connu une croissance verticale. Après une longue période de morosité due à des ventes décevantes, le constructeur a entamé un rallye spectaculaire la semaine dernière. Le 12 septembre, le titre a bondi de plus de 7 %, atteignant son plus haut niveau en sept mois. Sur l’ensemble de la semaine, la hausse a dépassé les 20 %, faisant passer son rendement annuel de négatif à positif. Même l’annonce d’une part de marché historiquement basse sur le marché américain des véhicules électriques n’a provoqué qu’une baisse limitée de 1 %, rapidement suivie d’une reprise. Il semble que les nouvelles concernant les ventes de voitures électriques n’aient plus le même impact qu’auparavant.
Le marché semble désormais se concentrer sur les projets d’avenir de l’entreprise. L’annonce d’un rachat d’actions par Elon Musk, pour un montant record de près d’un milliard de dollars (environ 1,4 trillion de wons), a également été un catalyseur majeur de cette confiance renouvelée.
Les nouveaux horizons : robotaxis, robots et énergie
Les perspectives de croissance de Tesla reposent principalement sur ses projets innovants : le service de robotaxi, le robot humanoïde Optimus et le stockage d’énergie. Le déploiement récent de l’application de robotaxi auprès du grand public marque le début d’une expansion majeure de ce service, avec une extension géographique continue. De plus, la présentation du Megablock, un système de stockage d’énergie par batteries de nouvelle génération, et la croissance des revenus associés, renforcent l’idée que Tesla n’est plus simplement un constructeur de voitures électriques. Le marché semble désormais adhérer à la vision d’Elon Musk, qui invite à regarder vers l’avenir de l’entreprise.
Le « Master Plan » : une stratégie tournée vers l’IA
Pour comprendre la trajectoire de Tesla, il est essentiel de se pencher sur son « Master Plan ». Alors que la première version de cette feuille de route était axée sur la voiture électrique, la quatrième version, récemment dévoilée, n’en fait aucune mention. Elle se concentre sur une nouvelle stratégie : la transition vers une « IA physique » (physical AI), articulée autour de la robotique, des robotaxis et de l’énergie. Les actions récentes de l’entreprise confirment cette volonté de créer de la valeur non plus par la vente de véhicules, mais par les services de conduite autonome et d’énergie. Elon Musk a d’ailleurs déclaré que 80 % de la valeur future de l’entreprise proviendraient du robot humanoïde Optimus, signalant une réduction de l’importance de l’activité automobile au profit de la robotique.
La confiance de Wall Street et un plan de rémunération hors norme
Le conseil d’administration de Tesla a récemment proposé un plan de rémunération sans précédent pour s’assurer de la loyauté d’Elon Musk, un package évalué à plus de 1 000 milliards de dollars. Si ce montant et ses conditions ont d’abord paru extravagants, un rapport de la banque d’investissement TD Cowen a changé la perception du marché. Lors d’une présentation aux analystes, le conseil a exposé des objectifs qui, selon l’analyste Itai Michaeli, correspondent à leurs propres prévisions concernant les véhicules autonomes de Tesla, renforçant ainsi leur confiance dans la trajectoire de croissance à long terme. Wall Street semble désormais prendre au sérieux l’appel d’Elon Musk à se projeter dans l’avenir. Le rachat massif d’actions par le PDG est interprété comme le premier pas vers l’atteinte de ces objectifs ambitieux, ce qui alimente l’optimisme. En conséquence, la banque d’investissement Wedbush a relevé son objectif de cours à 500 dollars, et Stifel à 440 dollars.
Nvidia face au protectionnisme technologique chinois
La situation est bien différente pour Nvidia, qui peine à trouver des nouvelles positives. La Chine intensifie ses efforts pour réduire sa dépendance technologique, un mouvement de « dé-Nvidianisation » de plus en plus manifeste. Cette semaine, les autorités chinoises auraient ordonné à des entreprises locales comme ByteDance et Alibaba de cesser de tester et de commander les nouvelles puces bas de gamme de Nvidia. Cette nouvelle a fait chuter l’action de Nvidia de près de 3 % mercredi. Jensen Huang, le PDG de Nvidia, n’a pas caché sa déception, allant jusqu’à conseiller aux analystes financiers de ne plus inclure le marché chinois dans leurs prévisions. La situation est d’autant plus complexe que l’exportation de la puce H20, conçue spécifiquement pour contourner les restrictions américaines, est au point mort, la réglementation n’étant toujours pas finalisée.
Un investissement stratégique chez Intel
Dans ce contexte tendu, Nvidia a annoncé un investissement majeur dans son concurrent Intel, ce qui a permis à son cours de rebondir. Si beaucoup y voient une manœuvre dans la guerre pour la suprématie de l’IA entre les États-Unis et la Chine, une autre interprétation émerge. Certains analystes suggèrent que Nvidia chercherait ainsi à obtenir un levier de négociation avec le gouvernement américain. En soutenant Intel, une priorité pour l’administration Trump, Nvidia pourrait demander en retour une aide pour résoudre ses difficultés sur le marché chinois. Le fait que l’accord n’inclue pas de contrat de fonderie avec Intel suggère que Nvidia ne réoriente pas entièrement sa stratégie vers les États-Unis.
La montée en puissance de l’écosystème technologique chinois
Pendant ce temps, la Chine accélère le développement de ses propres technologies. Au lendemain de l’interdiction visant Nvidia, Huawei a annoncé le lancement d’une nouvelle puce IA dotée de sa propre mémoire HBM et d’une nouvelle génération de clusters de calcul plus puissants. Alibaba a également commencé à commercialiser sa propre puce IA, dont les performances, selon les médias chinois, rivaliseraient avec la H20 de Nvidia. SMIC, désormais troisième fondeur mondial, teste ses propres équipements de lithographie, un élément clé de la production. De son côté, CXMT a finalisé le développement de sa mémoire HBM, avec une commercialisation prévue pour l’année prochaine, avec une seule génération de retard sur les mémoires les plus avancées utilisées dans les puces Nvidia. Avec des géants comme Huawei et Alibaba qui investissent massivement pour remplacer les technologies de base de Nvidia, l’écosystème technologique chinois se rapproche de l’autosuffisance.