L’actualité du tennis féminin ne s’arrête jamais vraiment, même lorsque les raquettes sont rangées. Cette trêve hivernale a été particulièrement animée, rythmée par des spéculations autour d’une légende absolue, les ajustements stratégiques d’espoirs en difficulté et la montée en puissance de nouvelles figures sur l’échiquier mondial.
Le mirage d’un retour de Serena Williams
L’une des rumeurs les plus persistantes de ces dernières semaines concernait un potentiel retour à la compétition de Serena Williams. L’Américaine, qui a fait ses adieux au monde professionnel lors de l’US Open 2022, a vu son nom réapparaître dans le programme antidopage de l’ITIA, alimentant les théories d’un come-back sur le circuit WTA. Si la principale intéressée a rapidement coupé court aux bruits de couloir via ses réseaux sociaux, l’idée a suffi à enflammer les observateurs.
Anna Chakvetadze, ancienne numéro 5 mondiale, s’est penchée sur cette hypothèse séduisante lors d’un entretien avec Tennis365. Tout en reconnaissant le statut légendaire de Williams, la Russe se montre réaliste quant aux défis physiologiques : si Serena reste capable de coups d’éclat sur un match sec, la répétition des efforts sur un tournoi du Grand Chelem semble aujourd’hui hors de portée. Contrairement à sa sœur Venus, qui poursuit sa route malgré des résultats en berne, Serena semble avoir trouvé son équilibre loin des courts, rendant un retour aussi improbable qu’inutile pour son héritage sportif.
Emma Raducanu face à l’exigence de la constance
Pendant que l’ancienne reine du circuit profite de sa retraite, Emma Raducanu tente toujours de digérer son sacre new-yorkais de 2021. La Britannique, dont l’ascension fulgurante à 18 ans a stupéfié le monde, peine à trouver la régularité nécessaire au très haut niveau. Sa saison 2025, bien que marquée par une réduction des blessures, reste en dents de scie. Pour 2026, elle mise sur la continuité avec l’arrivée confirmée de Francisco Roig, ancien membre du clan Nadal, à ses côtés.
Cette instabilité chronique a fait réagir Patrick Mouratoglou sur ITV. L’entraîneur français pointe du doigt une erreur fondamentale dans la gestion de carrière de la jeune star : la valse incessante des coachs. Selon lui, le succès durable ne se construit que sur le temps long et la fidélité à une équipe technique, une stabilité qui a cruellement fait défaut à Raducanu depuis son titre majeur. L’association avec Roig pourrait être le déclic tant attendu pour transformer son immense potentiel en domination concrète.
Madison Keys et le défi de la confirmation à Melbourne
Loin de ces incertitudes, Madison Keys aborde le début de saison 2026 avec un statut inédit : celui de tenante du titre de l’Open d’Australie. Après avoir brisé son plafond de verre l’an passé en éliminant successivement Aryna Sabalenka, Iga Swiatek et Elena Rybakina pour s’offrir son premier Majeur, l’Américaine s’apprête à fêter ses 30 ans avec une cible dans le dos.
Interrogée en marge d’une exhibition à Charlotte, la numéro 7 mondiale ne cache pas la pression inhérente à cette défense de titre, tout en affichant une sérénité nouvelle. Pour elle, arriver à Melbourne Park en tant que championne sortante est un honneur immense plutôt qu’un fardeau paralysant. Keys semble avoir atteint une maturité qui lui permet d’embrasser ce défi, impatiente de retrouver la chaleur de l’été australien qui lui a tant souri.
Kamilla Rakhimova, une nouvelle bannière pour l’Ouzbékistan
Dans l’ombre des stars du Top 10, d’autres trajectoires se dessinent. Kamilla Rakhimova a conclu sa saison sur une note parfaite en remportant le tournoi d’Angers face à l’Allemande Tamara Korpatsch. Ce succès lui permet non seulement d’intégrer le Top 100 mondial (97e rang), mais marque surtout le début d’une nouvelle ère pour elle : la joueuse représentera désormais l’Ouzbékistan.
Ce changement de nationalité sportive, officialisé début décembre, repose sur des liens familiaux solides, sa mère étant née en Ouzbékistan. Rakhimova décrit ce choix comme une décision mûrement réfléchie, alignant ses ambitions professionnelles avec ses opportunités de développement, sans pour autant renier son passé. Pour la Fédération ouzbèke de tennis, l’arrivée d’une joueuse de ce calibre, capable de gagner des titres sur le circuit secondaire et de s’installer parmi l’élite, constitue un renfort de poids inespéré.